Maniatux's Blog

Welcome to the internet

Ce sont les verrouillages qui créent les pirates

Rédigé par Xavier - -

Les Jeux vidéo

Aujourd'hui je suis tombé sur cette lettre ouverte à Ubisoft, postée sur le forum Ubuntu: voir la lettre. L'auteur, à travers une vulgarisation amusante et accessible, explique pourquoi la paranoïa des éditeurs de jeux vidéo provoque l'augmentation du piratage. Voici un résumé des points abordés (mais je vous conseille de lire la lettre originale):

  • Les protections pourrissent l'ordinateur
  • Les protections obligent à se connecter à internet pour jouer, même sur un jeu solo, ce qui pose des problèmes pour la vie privée (car maintenant il faut en plus se créer un compte sur le site de l'éditeur)
  • Les jeux mettent plus de temps à se lancer
  • Si la connexion internet se coupe, le jeu se met en pause jusqu'à ce qu'elle revienne (Assassin's Creed 2)

Il rajoute ensuite une couche sur les DLC (DownLoadable Content, contenu téléchargeable) qui sont des "bouts de jeu" que l'on achète et qui ajoutent des quêtes supplémentaires, des nouveaux objets. Le problème c'est que là encore il y a de l'abus. Certains DLC servent juste à activer des fichiers du jeu déjà présents, donc vous payez pour déverrouiller votre jeu en kit. D'autres encore autorisent le joueur à compléter le jeu. Donc, le modèle DLC, c'est:

  • Avoir un jeu avec des bouts désactivés, il faut payer pour les activer (Bioshock2)
  • Avoir un jeu qu'on ne peut pas terminer à 100%, puisque l'histoire se poursuit mais qu'il faut payer pour la jouer (Prince of Persia)
  • Des DLC qui se connectent en permanence à internet pour vérifier si vous avez l'autorisation d'y jouer ou non (Dragon Age: Origins)

Etant moi même un joueur (sur Windows) je ne peux que confirmer tout ça. J'ai déjà été confronté par deux fois à des problèmes de DRM sur Mass Effect, que j'ai résolu en appelant la Hotline de EA Games, et ensuite à un problème d'activation de DLC (gratuits) avec le jeu Dragon Age: Origins (que j'ai résolu d'une autre manière...).

Les DVD/Bluray

Comme je le disais il y a quelques temps, on m'a prêté le coffret de l'intégral des épisodes de Stargate SG1 (si vous voulez savoir, j'en suis à la moitié de la saison 7...). Déjà les DVD commerciaux ne sont pas lisibles par défaut sur Linux, à cause des verrouillages sur la galette. Il faut donc installer libdvdcss2 qui permet de les contourner, mais qui est considéré comme illégal dans beaucoup de pays (pourtant ça me permet juste de consommer le produit que j'ai acheté, ce qui est le modèle du commerce non?).

La lecture sur Windows Media Player (si si, c'est un player...) se fait sans encombres, nul doute que Microsoft a payé fort cher pour avoir le droit de lire les DVD. Néanmoins le contenu du DVD est tout simplement scandaleux. Des bandes annonces, des avertissements contre le piratage impossibles à zapper, on perd énormément de temps par rapport à un simple .mkv téléchargé sur bittorrent.

VLC a la bonté de zapper toutes ces cochonneries, et de débuter directement sur le menu. Mais le menu est tout de même pénible avec des animations inutiles qui font perdre du temps (essayez de visionner 7 saisons de 6 DVD chacunes, soit 42 DVD, vous allez voir le temps perdu avec les menus...). Donc si je résume, un DVD du commerce c'est:

  • Illisible sur un lecteur non agréé
  • Bourré de contenus indésirables pour lesquels on paye sans en avoir envie
  • Pénible à mettre en marche, quand on y arrive
  • Payer pour voir un film tout en étant agressé par les avertissements et bandes annonces, emprisonné par les DRM, ralentit par tout ce dont on a pas besoin.

Le cas du Bluray est encore pire, puisque grâce à un tour de passe-passe très élaboré, l'industrie du film en boite a réussi à convaincre tout le monde que leur lecteur DVD était obsolète et qu'il fallait le remplacer par un modèle plus cher qui lui aussi lit des galettes (à quand le prochain changement?). Ce qui est drôle, c'est de savoir que:

Début 2010, le tour de passe-passe recommence puisqu'il faut encore changer son matériel pour pouvoir profiter des... films en 3D! Inutile de préciser également que les Bluray présentent les inconvénients des DVD, à savoir l'impossibilité de le lire sur les lecteurs non autorisés, les publicités, etc.

Comparaison avec les contenus piratés

Télécharger un jeu cracké de manière illégale sur bittorrent, c'est:

  • Installation sans encombres
  • Jouer sans CD ni connexion à internet
  • Profiter de 100% du jeu sans devoir raquer
  • Bref, ce qu'un jeu devrait être (et ce qu'ils étaient il y a 10 ans encore)

Télécharger illégalement un film sur bittorrent, c'est:

  • Pouvoir le lire sur n'importe quel lecteur
  • Pouvoir le réencoder en basse qualité pour le copier sur mon smartphone et le visionner dans le train
  • Pouvoir le copier sur son serveur de backup
  • Ne pas subir les avertissements et publicités
  • Ne pas avoir besoin de changer son matériel tous les 36 du mois

La morale?

Alors que notre gouvernement impartial (qui souhaite faire taire Wikileaks - sans décision de justice - et censurer internet - sans décision de justice non plus - pour cacher ses petits secrets) n'arrête pas de nous rabâcher que le durcissement des verrous et des lois sont une conséquence du piratage, je commence à croire que c'est le contraire.

En tant que consommateur honnête j'ai de plus en plus un sentiment d'oppression, de surveillance, je ne peux plus jouer sans être connecté à internet (à des jeux solo pourtant) et sans devoir galérer pour trouver pourquoi un DRM m'empêche de jouer. Je ne peux pas regarder de DVD en théorie car j'utilise Linux, je ne peux pas regarder de Bluray car je n'ai pas de lecteur sur mon ordinateur portable, des contraintes finalement matérielles alors qu'un format numérique est théoriquement sans limites.

Plus ils feront de protections sur leurs produits, plus ils verront de gens se consacrer à leur contournement, et plus il y aura de gens qui téléchargeront illégalement ces versions "crackées" pour pouvoir jouer/visionner en paix.

Pour reprendre une expression de Benjamin Bayart, plus vous poussez sur la table (ou un mur), plus la table résiste, principe d'action-réaction.

Classé dans : Thoughts - Mots clés : aucun